Marie-Eve Cardinal

Agronomie, 2e cycle, Institut agronomique méditerranéen de Montpellier - France

Analyse de la filière hibiscus dans la Boucle du Mouhoun (Burkina Faso) : pistes pour renforcer la position commerciale des productrices 

Enclavé au centre de l’Afrique de l'Ouest, sous un climat soudano-sahélien caractérisé par l’irrégularité des pluies, le Burkina Faso cumule une dépendance aux pays frontaliers pour l’accès aux ports d’exportation et une dépendance économique au coton, principale exportation du pays. Sa population, parmi les plus pauvres au monde, vit d’activités agricoles à près de 80 %. C’est dans ce contexte que les productrices de la Boucle du Mouhoun commercialisent le bissap (Hibiscus sabdarifa) vers l’Europe et l’Amérique du Nord, pour ses propriétés colorantes (rouge) qui en font un ingrédient idéal pour les infusions de petits fruits. 

Cette étude décrit la filière, marquée par des questions de genre, et propose des recommandations pour renforcer la position des productrices et améliorer leur revenu. L’analyse se base sur les données quantitatives et qualitatives collectées à partir de recherches documentaires et d’entretiens directs avec les productrices, leurs représentantes et les autres acteurs de la filière. Les informations recueillies ont été classifiées dans une matrice d’analyse SWOT. 

En 2012, on comptait 482 productrices de bissap de la Boucle du Mouhoun, regroupées au sein de l’Union des groupements pour la commercialisation de la production agricole, une association paysanne dont l’activité principale est la production céréalière. Elles ont produit 40 tonnes en 2013. Espérant un meilleur revenu, elles ont saisi l’offre d'un acheteur international proposant l’ajout de la certification équitable à l’appellation biologique acquise depuis quelques années. 

Cependant, cette relation commerciale présente certains déséquilibres. Les productrices manquent d’informations quant aux prix sur les marchés (tant au sud qu'au nord) pour négocier avec cet acheteur unique. En outre, les volumes des ventes, imprévisibles d'une année à l’autre rendent la planification difficile. En fait, les quantités semées, récoltées et certifiées ne sont pas nécessairement celles exportées, parce que certaines productrices vendent aux commerçants locaux en production conventionnelle, source de revenu plus rapide. 

Une meilleure information sur les prix du bissap, une collaboration avec l’ensemble des acteurs nationaux, un contrat négocié à l’avance, ainsi que, à long terme, une diversification des acheteurs, amélioreraient la position des productrices. Enfin, cette étude illustre le manque de transparence en fin de filière, malgré quelle soit certifiée équitable. 
 

Biographie

Agronome de formation, Marie-Ève Cardinal a travaillé au Québec au développement de l’agrotourisme régional avant de poursuivre ses études à l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier. Elle est  responsable du journal du syndicat agricole suisse Uniterre et du projet Coton Biologique au Bénin d’Helvetas-Genève, et elle est membre du comité d’Agro-sans-frontière Suisse. Ses champs d’intérêts portent sur les questions de genre en agriculture, l’agroécologie, la défense de petits agriculteurs et l’évaluation de projets de développement.