Ketsia Johns

Agroforesterie, 2e cycle, Université Laval

Les facteurs d’adoption de l’agroforesterie par les paysans de la province de Cienfuegos à Cuba

Durant l’époque coloniale à Cuba, les monocultures intensives de sucre et de tabac ont engendré des dommages environnementaux considérables. Par la suite, la révolution de Castro, l’embargo américain et la rupture soudaine de lien avec l’URSS ont forcé les paysans cubains à développer des stratégies agricoles innovatrices, peu dépendantes du pétrole et des technologies de la révolution verte. Parmi celles-ci, l’agroforesterie est apparue comme une des avenues bien adaptées à ce contexte et présentant de nombreux bénéfices socio-économiques et environnementaux. Dès lors, la recherche et la diffusion sur cette thématique se sont multipliées. Toutefois, on constate un fossé entre les avancées de la recherche en agroforesterie et le succès de son développement chez les paysans. En fait, il ne suffit pas de savoir qu’une pratique engendre des bénéfices biophysiques pour qu’elle soit profitable et acceptable du point de vue des paysans et ainsi adoptée. Il faut d’abord bien comprendre comment et pourquoi les paysans prennent des décisions à long terme sur l’utilisation de leurs terres pour développer des stratégies agroforestières adéquates. 

Cette étude vise donc à identifier quels sont les facteurs d’adoption de l’agroforesterie perçus par les paysans de la région de Cienfuegos à Cuba. Les objectifs spécifiques sont de déterminer les facteurs qui favorisent ou freinent l’adoption de systèmes agroforestiers et d'établir une typologie des paysans au regard de ces facteurs. L’accent est mis sur les caractéristiques de l’innovation et des innovateurs, le type de décision, les canaux de communication et le rôle des conseillers. Des entretiens exploratoires ont été menés à l’automne 2012 afin d’orienter la suite de la recherche. En octobre 2013, des entrevues semi-dirigées ont été conduites auprès d’intervenants divers afin de mieux cerner le contexte agricole et d’adapter les outils de collecte de données en conséquence. Puis, des questionnaires ont été soumis à 36 paysans choisis selon leur appartenance à des coopératives agricoles et leur niveau d’adoption de systèmes agroforestiers. L’intérêt de l’identification de ces facteurs va au-delà de l’élaboration d’une simple liste. Elle contribuera à mettre en place des stratégies de développement de l’agroforesterie adaptées aux réels besoins des paysans et ainsi donc favoriser l’adoption de systèmes agroforestiers. 

Biographie

Agronome de formation, Ketsia Johns est étudiante à la maîtrise en agroforesterie à l’Université Laval. En 2012, elle a agit comme conseillère en amélioration des cultures pour une coopérative bolivienne. Ketsia s'intéresse particulièrement à l'agroécologie, la culture de plantes médicinales sous boisé, la sécurité et la souveraineté alimentaire et l’agriculture urbaine. Elle est également fondatrice du comité canadien de l’association internationale des étudiants en agriculture et sciences reliées (IAAS).