Marie-Claude Rouillard
Développement international et mondialisation, 2e cycle, Université d'Ottawa
Égalité des genres et politiques agraires à l’ère du MAS en Bolivie : le gouvernement Morales sème-t-il en terrain infertile?
En Bolivie, l’arrivée au pouvoir du Mouvement vers le Socialisme (MAS) en 2005 conduit à l’adoption par l’État de politiques agraires facilitant le droit à la propriété terrienne pour de nombreuses femmes. Le MAS, piloté par le premier président autochtone Evo Morales, a également mis en place des politiques publiques favorisant la participation de femmes dans les organisations paysannes. La littérature portant sur les dynamiques entre le genre et les changements agraires met par ailleurs en garde contre toute équation simplificatrice : des réformes agraires qui sont en apparence progressistes ne réduisent pas nécessairement le fossé entre les genres. C’est en ayant pour objectif de labourer davantage ce vaste terrain de recherche que cette présentation s’intéressera à la question suivante : dans quelle mesure les politiques agraires mises de l’avant par le MAS favorisent-elles l’égalité des genres en milieu rural?
Des pistes de réponse à cette question ont été élaborées à partir d’un séjour de recherche terrain dans l’Altiplano Sud bolivien. Au total, 27 entrevues semi-dirigées ont été réalisées : 15 auprès d’individus ayant occupé des postes de direction ou étant membres d’organisations paysannes et 12 auprès d’informatrices et d’informateurs clés.
Les résultats de cette recherche terrain permettent d’avancer qu’en mettant l’accent sur la reconnaissance plutôt que la redistribution, les politiques agraires du MAS ne favorisent pas nécessairement les paysannes les plus pauvres. S’il importe de saluer les progrès du gouvernement Morales en ce qui concerne le droit à la terre et la participation des femmes dans les organisations paysannes, ces progrès sont limités par l’absence de mesures s’attaquant aux inégalités socio-économiques en milieu rural. À titre d’exemple, plusieurs femmes de l’Altiplano Sud se trouvent dans une position ambigüe par rapport à la revendication de titres fonciers individuels, car elles recherchent simultanément le maintien d’une certaine collaboration avec leurs communautés.
Mots-clés: égalité des genres, Bolivie, politiques agraires, milieu rural, droit à la terre
Biographie
Marie-Claude Rouillard est candidate à la maîtrise en développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa. Son premier contact avec la Bolivie remonte à un stage réalisé dans la radio d’un syndicat paysan en 2010.