Simone Ubertino

Agroéconomie, 2e cycle, Université Laval

Faire face à la crise du café : l’adoption de pratiques agricoles durables chez les producteurs de café au Mexique

Le secteur du café au Mexique revêt une importance économique, sociale et environnementale pour le pays. Environ trois millions de Mexicains dépendent du café à des degrés divers. En matière économique, le café joue un rôle central dans l’économie locale et figure parmi les premiers produits d’exportation des régions productrices. Une majorité des producteurs pratique une caféiculture traditionnelle sous ombrage, ce qui apporte des bénéfices considérables en matière de conservation des sols et de la biodiversité. 

Malgré l’importance du café, le secteur fait face à de nombreux défis. Le Mexique se voit confronté depuis vingt ans à une fluctuation croissante des prix, ce qui décourage les producteurs à faire les investissements nécessaires dans leurs parcelles. L’effet de cet abandon sur la productivité est alarmant : entre 2000 et 2013, les rendements par hectare ont diminué de 31%. En réponse à la crise, le gouvernement mexicain a lancé un projet visant à renverser cette tendance à la baisse. Des spécialistes ont mené des enquêtes de terrain afin d’identifier les problèmes de chaque région et les solutions possibles. Les cinq principales recommandations tirées de l’étude ont été les suivantes: substituer les vieux caféiers, appliquer des fertilisants, élaguer les caféiers, mettre en œuvre des pratiques de conservation des sols et contrôler le niveau d’ombrage.

En dépit de ces tentatives, la question de l'effet des facteurs sociaux et économiques sur la décision d’un producteur d’adopter ou non les recommandations demeure. Afin d’apporter des réponses, une enquête de terrain a été menée au moyen d’un questionnaire fermé auprès de 119 producteurs dans deux villages. Les producteurs ont été questionnés sur chacune des cinq recommandations ainsi que sur les caractéristiques de l’exploitation agricole et du ménage. Un modèle probit multivarié a ensuite été utilisé pour analyser les données. Les résultats montrent que la taille de l’exploitation et du ménage, le morcellement des terres, l’embauche de journaliers, l’âge, le sexe et le niveau d’éducation du producteur ont des effets significatifs sur l’adoption des recommandations. De plus, l’appartenance à une organisation de producteurs et le nombre de parents ont des effets positifs, ce qui souligne l’importance du capital social dans l’adoption de pratiques agricoles durables.

Mots-clés: Mexique, café, pratiques agricoles durables, probit multivarié, adoptions multiples

Biographie

Simone Ubertino est un étudiant dans le programme de maîtrise en agroéconomie. Il détient un baccalauréat en économie de l’Université de Toronto et a travaillé sur des projets de microfinance en Ouganda, au Burundi et au Cambodge.